Entretien avec Jérôme sur le succès de son restaurant Tabi Loo à Louvain

Louvain est prête pour un restaurant 100% végane. Le succès du stand Tabi Loo de Jérôme sur le marché de l’Alfons Smetsplein en est la preuve. Après avoir obtenu la meilleure note des plats à emporter sur Deliveroo et Uber Eats à Louvain, il a logiquement franchi la prochaine étape : ouvrir son propre restaurant. Nous avons discuté avec Jérôme, créateur de Tabi Loo.

Comment vous est venue l’idée de lancer un restaurant 100% végétal ?

J’étais quelqu’un qui commandait beaucoup à manger quand j’étais étudiant, mais c’était très difficile de trouver un take-away végane qui permette de rassasier un gros mangeur comme moi. J’ai remarqué que le véganisme était en pleine expansion, et qu’il y avait donc un marché important pour ça. Malgré le fait que je n’avais aucune expérience dans la restauration et que je ne cuisinais que rarement, voire jamais, j’ai voulu me lancer là-dedans après mes études. Au début, j’ai pensé à créer une cuisine fantôme végane à Bruxelles, parce que l’idée d’ouvrir un restaurant me faisait un peu peur. Mais entretemps, j’ai appris via une connaissance qu’un stand se libérait sur le « food market » de Louvain, alors j’ai sauté sur l’occasion pour me lancer et nous avons commencé là en octobre 2020. Aujourd’hui, nous sommes toujours les mieux notés sur Deliveroo et Uber Eats.

Quelle est la clé du succès de Tabi Loo ? 

La force de Tabi Loo, c’est son offre de plats rapides et reconnaissables comme les burgers, les bowls et les smoothies. Une alimentation abordable est également très importante pour nous. Nous proposons tous les plats à des prix modiques. Manger végane ne doit pas être cher.

Enfin, nos plats doivent être copieux. Un mangeur de viande invétéré doit également être rassasié après avoir mangé chez Tabi Loo. Quand c’est le cas, notre mission est réussie.

Comment communiquez-vous sur le véganisme, par exemple sur le menu ?

Sur la fenêtre, sous notre logo, il est indiqué « 100% végétal » et vous pouvez également voir l’autocollant vegan friendly de BE Vegan. Sur le menu, vous pouvez trouver le mot « vegan » pour certains ingrédients. Par exemple, lorsque le plat contient du fromage végane ou un hamburger végane.

Nous choisissons consciemment de ne pas trop insister là-dessus dans notre communication, afin d’attirer un public plus large. Lorsque nous avions encore le stand sur le « food market », j’ai remarqué que certaines personnes passaient devant sans commander juste parce qu’elles avaient vu que nous étions véganes. Cela dit, je suis sûr que nous n’aurions jamais pu nous développer autant qu’un stand de « burgers traditionnels » avec de la viande.

Aujourd’hui nous attirons un public très large de véganes et non-véganes. C’est génial de voir que nous attirons de grands groupes d’amis parmi lesquels tout le monde n’est pas végane. Le végane du groupe entraîne facilement ses amis, tout simplement parce que notre offre est très accessible.

Quels plats fonctionnent le mieux ?

Au début, je voulais seulement proposer des bowls. Mais quand j’ai goûté le Beyond Burger, j’ai absolument voulu en faire quelque chose. Et vous ne devinerez jamais : c’est maintenant de loin le plat qui se vend le plus de notre menu ! Il est très reconnaissable et plusieurs mangeurs de viande m’ont déjà dit que c’était le meilleur burger qu’ils aient jamais mangé.

Je vends plus de bowls le midi et beaucoup plus de burgers le soir. Peu de restaurants proposent un service le midi et le soir, car leur concept est axé sur un moment particulier de la journée. J’ai un menu épuré avec uniquement des plats qui fonctionnent bien. Pour le moment je vais donc seulement proposer des options additionnelles, mais la base restera la même.

Rencontrez-vous parfois des difficultés pour proposer des plats végétaliens en tant que restaurateur ?

Mon approche consiste à utiliser les produits que je trouve. Je ne vais pas chez les grossistes à la recherche de produits spécifiques, au contraire. J’ai récemment découvert les sauces de Mayoneur et les morceaux de poulet véganes du Boucher végétarien. Quand je découvre des produits comme ça, je les teste et ça me donne des idées pour créer de nouveaux plats. C’est comme ça que notre chicken burger végane a vu le jour.

Ce qui est plus embêtant, c’est que certains produits véganes de qualité ont un certain prix. Je préfère utiliser le fromage végane Violife, les petits pains de Pur Pain et du guacamole, ce qui pèse sur ma marge, parce que je veux parallèlement continuer d’offrir des petits prix. Cela dit, je choisis aussi ces ingrédients pour certains plats car ils font une bonne publicité au restaurant. Ces produits spéciaux renforcent notre visibilité via le bouche à oreille et les réactions telles que « Oh, c’était tellement bon, et tout ça sans viande ni fromage ?! ».

Vous mangez végane depuis longtemps ?

Je viens d’une famille de producteurs laitiers, j’étais donc moi-même aussi un « énorme mangeur de viande ». Mais juste avant le premier confinement, j’ai eu un déclic et j’ai adopté un régime végétalien. Quelqu’un m’avait recommandé de regarder le documentaire Forks over Knives. J’ai toujours pensé que je mangeais très sainement, mais il s’est avéré que ce n’était pas le cas. Cela m’a énormément interpellé. Plus tard, j’ai également pris conscience de l’impact énorme de notre alimentation sur l’environnement et les animaux, grâce aux documentaires Cowspiracy et Dominion. Puis je me suis lancé à fond.

« Nous ne devons pas faire de l’activisme mais de l’attractivité. Laisser les gens essayer et se faire leur propre opinion. »

Comment voyez-vous l’évolution du véganisme ?

Il est clair qu’aujourd’hui le véganisme est en plein essor. Surtout quand on compare à 10 ans en arrière. Je pense qu’il y aura une forte croissance des végétaliens dans le monde du sport. On sait maintenant que l’alimentation végétalienne est très bénéfique pour les performances et offre de nombreux avantages pour la santé. L’image selon laquelle la nourriture végétalienne est « imparfaite » va progressivement disparaître.

Le fait que manger végétalien soit aussi bon pour le climat ne sera pas assez décisif à mon avis, car les gens pensent surtout à eux-mêmes. Le sport et la santé sont des thématiques auxquelles les gens sont beaucoup plus sensibles.

Nous ne devons pas trop pousser notre message. Parce que si nous le faisons, nous utilisons le même procédé que l’industrie de la viande. Nous ne devons pas faire de l’activisme, mais de l’attractivité. Laisser les gens se faire leur propre opinion.

A quoi ressemble l’avenir pour Tabi Loo ?

Plein de nouveaux plats comme des bowls petit-déjeuner et le burger de poulet végétalien. J’aimerais également déléguer davantage de travail afin de pouvoir me concentrer sur les expériences en cuisine.

Quand le restaurant commencera à bien fonctionner, nous envisagerons d’ouvrir à un autre endroit. Ou peut-être même un nouveau concept.

Vous trouverez Tabi Loo au Naamsestraat 29 à Louvain et via Deliveroo et Uber Eats.

Cette interview a été rendue possible grâce à notre bénévole Margot et a été traduite par note bénévole Camille. Vous souhaitez devenir bénévole chez BE Vegan ? Cliquez ici pour en savoir plus. Souhaitez-vous également nous aider avec des traductions ? Inscrivez-vous ici.